Un Héritage sur les Vagues : L’histoire de Normand, un pêcheur de homard des Iles
Quand y’était un jeune Madelinot, Normand s’est fait approcher par un collège qui cherchait du monde pour les pêcheries aux Îles-de-la-Madeleine. Y’a signé pour un programme de trois ans, pis y voyait ça comme une chance en or pour s’assurer un avenir ben plus solide pour lui a 18 ans et pis sa future famille avec une meilleure éducation.
C’est une histoire qui fait partie de “Les Secrets de la Pêche Transmise aux Îles-de-la-Madeleine”, un héritage vivant qui se transmet de génération en génération.
Même s’y a eu ben de la misère à finir le cours pis qu’y pensait lâcher, son prof, un vrai mentor, lui a donné un bon coup de pouce, un “lâche-pas, mon gars, ta presque fini sa” pis ça l’a motivé. Quand Normand r’conte ça, il nous sort un sourire croche, pis ça te dit tout sur l’histoire qu’y vient de te raconté. Astheure, rendu dans sa soixantaine, Normand est retourné sur l’eau après avoir fait une carrière plus stable dans “le sable,” comme qu’on dit ici quand t’es pas sur la mer.
Cette fois, il est pas juste pêcheur, mais mentor aussi. Y guide les jeunes adultes pis s’occupe d’un p’tit protégé de 11 ans, Joah, qui capote solide quand les vagues brassent fort. Y’a aussi son neveu, un pêcheur à temps plein avec un sideline pour l’entre-saison, qui travaille avec lui aujourd’hui. Joah, même du haut de ses 11 ans, a un estomac ben plus solide que bien des grands qui “virevent” à la première vague!
Un Héritage Vivant : L’Art des Pêcheries aux Îles-de-la-Madeleine
Cette histoire-là met en lumière l’héritage des pêcheries aux Îles-de-la-Madeleine, un savoir-faire qu’on se passe d’un bord à l’autre depuis des générations. C’est un clin d’œil au monde passionné que j’ai croisé, avec qui j’ai jasé un brin, pis que j’ai regardé aller, même ben gênés, voulaient pas qu’on parle trop d’eux.
Ma visite dans l’atelier de Normand m’a ben touché. Pendant qu’il travaillait sur ses cages a homards, sans même jeter un œil à ma caméra. Il a commencé à me conter un peu sa vie sur l’eau, à sa manière, bien calme, comme un Madelinot qui connaît la mer. Mais c’qui m’a vraiment accroché, c’est quand il a jasé de son envie de transmettre son savoir: les risques de la mer, l’art de “piler la twist” pour faire des cages à homard, pis tout ce bagage-là qu’il veut pas voir s’effacer.
C’t’affaire-là, je l’avais jamais comprise comme faut, même si mon grand-père était pêcheur. Mais là, après avoir vu ça drette en face de moi, dans l’odeur du bois mouillé pis le bruit des outils. Je réalise à quel point c’est un métier qui a du cœur, des tripes, pis un héritage qui brasse autant que les grosses vagues dans le golfe.
Le Savoir-Faire des Îles : L’Art de Fabriquer des Cages à Homard
M. Normand m’a montré tout le processus minutieux pour fabriquer des cages a homard. Maintenant ajustées aux nouvelles dimensions approuvées par Pêches et Océans Canada. Y’a commencé, y’a trois semaines, par courber la shape des cadres en bois, qu’il trempe ensuite dans l’eau salée pour les rendre plus résistants, pis enlever le tannin. Les cercles en bois, eux, sont faits par des artisans spécialisés – une vraie pièce de luxe, qu’il appelle sa “petite folie”, parce qu’a coûté pas mal cher.
Dans l’atelier, pendant que les cadres étaient assemblés, Normand préparait le filet: il découpait ça en formes précises pis les empilait soigneusement. Chacun avait son rôle à jouer: le p’tit Joah, ben énervé pis le sourire jusqu’aux oreilles, clouait le filet sous l’œil attentif de M. Normand. Tandis qu’à l’autre bout, son neveu – une vraie montagne de 6 pieds 3 avec des épaules plus large que l’entrée de l’atelier– s’occupait d’assembler les bouts de fillet pour les cages. Tout était organisé pour que M. Normand puisse ensuite attacher ça comme du monde.
Construire entre 150 et 300 cages pour la prochaine saison, c’est pas de la petite bière! Ça prend des mois de boulot, avec du bois, des filets, des clous, pis même du ciment. Chaque cage, c’est un mélange de tradition, de savoir-faire, pis de teamwork bien à la madelinienne.
Une Passion Partagée : La Transmission de l’Héritage des Îles-de-la-Madeleine
Observer la collaboration entre générations, c’tait tout un spectacle. Avec ses mains toutes maganées pis pleines de cales, Normand guidait Joah pis son neveu avec une douceur qui laissait pas de doute sur son sérieux. Il répétait souvent à Joah : “L’école avant la mer, mon gars. T’auras tout ton temps pour jouer au capitaine après.” Même si Joah capote sur l’idée de rider les grosses vagues à tous les jours, les vieux loups de mer le gardent ben groundé. Avec le temps, il comprend qu’y a un temps pour chaque chose.
Les bateaux de pêche, qu’on appelle des barques icitte, font 39,2 pieds de long. Ils sortent au début mai, souvent bien avant que le soleil soit levé, pour une saison d’environ neuf semaines. Avec juste deux ou trois bonhommes pour tout gérer à bord, c’t’une vie qui laisse pas place aux ti-mousses!
Voir ces hommes-là partager leur passion pour la mer m’a frappé ben fort: ça m’a rappelé que les Îles, c’est pas juste une place belle à regarder. C’est rempli de savoir-faire, de valeurs, pis de traditions qu’on se passe comme un trésor bien précieux. Ici, rien se perd. Chaque génération met sa touche sur ce qu’elle transmet au suivant.
Cette partie de mon voyage a été commanditée afin de rédiger cet article. Merci à Le Québec Maritime et Toursime Îles de la Madeleine pour cette occasion unique de vivre une expérience inoubliable.
J’attends déjà avec impatience ma prochaine visite dans ce coin de paradis. À la prochaine!
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Roland Bast
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